La nomenclature du katana

Nomenclature Katana

Popularisé par les mangas et des films comme « les 7 samouraïs » d’Akira Kurosawa, le katana fait l’objet d’un véritable culte au Japon. Même de nos jours, la culture japonaise est fortement imprégnée par le code de l’honneur des samouraïs, le Bushidō, et la vénération du sabre n’est pas un vain mot. Il existe d’ailleurs des pratiques rituelles comme l’observation de la lame pour déterminer sa qualité. Quant à la fabrication très particulière d’un katana, elle fait l’objet de nombreuses étapes artisanales qui peuvent prendre des mois pour un sabre forgé à l’ancienne. Tout un vocabulaire décrit précisément la moindre pièce d’un katana japonais et parfois même le type de travail réalisé sur l’un de ces éléments. Ainsi, savez-vous par exemple, à quoi correspond le koiguchi ? Ce que signifie son nom ? Ou le mekugi ? Et quelle est son utilité ? Non ? Alors, pour en savoir plus sur la nomenclature d’un katana traditionnel, suivez le guide…

Le katana peut être divisé en 3 parties principales, la poignée, la lame proprement dite et le fourreau.

 

La tsuka ou 柄

Poignée Katana

C’est le nom de la poignée du katana. Elle est constituée de 2 demi-coques de bois, traditionnellement du magnolia, qui sont maintenues par de la colle de riz. À l’extrémité de la poignée se trouve la kashira (頭) ou tsuka-gashira (柄頭) qui est le petit pommeau qui vient renforcer la tsuka et qui est percé d’un petit trou. Cet embout qui existe sous forme ronde ou ovale est lui-même consolidé par un capuchon en métal nommé la kashira-gane. Le bois de la tsuka est enveloppé de peau de requin ou de raie. Ce cuir de poisson ou galuchat est dénommé same-hada (鮫肌) lorsqu’il s’agit de requin et same-gawa (鮫皮) pour la raie. Cette peau est recouverte d’un tressage en soie ou coton.

Le matériau utilisé pour le laçage est le tsuka-ito (柄糸) tandis que le laçage en lui-même est le tsuka-maki (柄巻). Celui-ci n’est pas identique d’un sabre à l’autre car il existe des emballages (c’est le sens du mot ito) de combat comme le hineri-maki et le katate-maki ou d’autres plus artistiques comme le jabara-maki. Ce tressage se termine par un nœud décoratif et fonctionnel, sur un côté de la poignée et qui renforce la solidité de l’ensemble. Il s’agit du maki-dome. On peut apercevoir sous cet entrelacement les menuki (目貫), de petites pièces décoratives placées de façon asymétrique de chaque côté de la tsuka. Destinées à cacher une fixation, elles contribuent aussi à une meilleure adhérence de la paume.

Cette fixation est formée d’une goupille en bambou qui traverse la soie de la lame et la tsuka, ces dernières ayant été percées à cet effet. Cette cheville est désignée comme le mekugi (目釘). Un peu avant d’arriver à la garde, on trouve une virole, le fuchi (縁) qui va séparer le cordage de la pièce suivante. De chaque côté de la garde sont positionnées des seppa (切羽), des rondelles de métal qui réduisent le jeu entre la garde et la tsuka et permettent une meilleure absorption des chocs.

La garde est un élément très important car elle a un rôle protecteur pour éviter les blessures à la main et une fonction décorative à la fois. Certaines sont d’une beauté stupéfiante. Les japonais l’appellent la tsuba (鍔). Cette pièce possède aussi son propre vocabulaire. Ainsi, le trou central se nomme le nakago ana, la soie de la lame viendra s’y insérer. Autour de cet orifice central se loge une forme ovale et plate sur laquelle les seppa viendront s’appuyer, il s’agit de la seppa dai. Parfois, se rajoutent également d’autres alvéoles destinées à maintenir une pointe ou un petit couteau. Cela permettait de sortir cet objet sans avoir à dégainer la lame. Ces trous, quands ils sont présents, sont connus sous les noms de kogai hitsu ana pour celui destiné à une pointe et kozuka hitsu ana pour celui du petit couteau.

Le dernier élément avant la lame est une pièce métallique cylindrique, plus épaisse vers le saya et plus fine vers la lame. Elle est destinée à maintenir la lame dans le fourreau sans qu’elle tombe mais sans la bloquer non plus. Cette partie s’appelle le habaki (鎺).

 

La lame du katana

Lame Katana

 

La lame, a elle seule, concentre énormément de termes. Nous vous présentons ici une sélection détaillée des plus importants. Une des caractéristiques de la lame est sa longueur hors la soie (la partie insérée dans la poignée). Cette longueur s’appelle nagasa. Sa courbure, plus ou moins importante est dénommée sori (反り). La partie de la lame qui s’insère dans la poignée, la soie donc de la lame, est surnommée par les japonais le nakago (茎). Celui-ci est percé d’un trou (voire 2) le mekugi ana qui servira à passer le mekugi, la cheville de fixation. Le dos de la lame se nomme mune (棟). À l’opposé, se trouve la partie trempée, le yakiba, et la ligne de trempe qui sépare la partie de la lame trempée est le hamon (刃文). Quant au tranchant, il est désigné sous le nom de ha ou hasaki.

Le bo-hi est le nom d’une rainure, une sorte de gouttière présente sur la plupart des lames et qui avait pour but d’alléger le poids du sabre. Le flanc de la lame est le shinogi-ji et son arête latérale qui le délimite est mentionné comme le shinogi. La partie biseautée de la lame, la pointe, est le kissaki (切先). L’arête perpendiculaire qui détermine le début du kissaki est le yokote. Certains katanas en sont parfois dépourvus. La ligne de trempe, le hamon, change d’appellation dans le kissaki et devient alors le bōshi, tandis que la partie du tranchant située dans le kissaki se transforme en fukura.

 

Le fourreau du katana

Le fourreau porte le nom japonais de saya (鞘). Il est conçu en bois léger, en magnolia pour les modèles fidèles à la tradition et il est recouvert de laque. L’entrée du saya se nomme le koiguchi (鯉口), ce qui en japonais signifie bouche de carpe. C’est la forme évocatrice de cette pièce qui lui a donné son appellation. Traditionnellement, elle est en corne du buffle. On la trouve cependant aussi en métal. La cordelette en coton ou en soie, unie ou tressée, que l’on trouve sur le fourreau est connue comme le sageo (下げ緒). Elle est reliée au saya par un petit anneau, le kurigata (栗形).

Au niveau du sageo, on trouve un renflement sur le kurigata, c’est le shito-dome (鵐目) qui est une boucle de montage. Il a une utilité décorative uniquement. Le fourreau se termine par la sayajiri, qui est tout simplement le bout du fourreau, et qui est munie parfois d’un kojiri (鐺) qui est un raccord en métal ou en corne. Il est toutefois plus commun d’avoir un kojiri sur le tachi ou le tantō que sur un katana. Le kojiri peut être en forme de houe, donc un kuwagata, ou bien en forme de houe longue et devenir un nagakuwagata ou alors en forme de sac, ce qui donnera un fukurogata. Il existe également un autre type de saya, le shirasaya, qui est un fourreau en bois blanc, très simple, sans décoration et qui sert d’étui de stockage pour la lame.

Comme vous pouvez le constater, le vocabulaire relatif au sabre est extrêmement riche dans la langue japonaise. Cette opulence témoigne de la valeur accordée aux sabres japonais, à l’art du maniement et de le respect accordé à cet arme et aux maîtres qui les ont forgés. C’est pourquoi un katana est un objet précieux, témoignage d’une époque raffinée où le sens de l’honneur était placé au-dessus de tout.

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